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« …. Hier soir, je suis sorti dans la rue.

J’ai  rencontré des gens. Plein de gens…

Ça fait ma troisième sortie avec la bande des « centaures mécaniques. »

Une bande de cœurs gros à roulettes, de bras cassés et d’incorrigibles rêveurs.

Cette bande m’a invité à les accompagner dans la rue.

 

Je dormais dans un garage depuis un bout de temps, oublié d’un rêve de marche utopique.

Je renais par des personnes en fauteuils électriques qui veulent vivre debout.

 

La première fois, ils m’ont sorti du sous sol où je dormais

pour une promenade répétition dans une rue piétonne devant l’appartement de la « présidente ».

La seconde pour un tour dans un gymnase empli d’associations.

Et hier soir dans la fraicheur entre chien et loup.

 

Ils m’ont sorti de mon sommeil, de mon oubli.

Je n’existe pas seul.

Seul, sans rêve, sans projet, je reste dans mes sacs, en bouts de moi,  dispersés.

Mes fesses ici, mon torse là, mes mains dans un sac et ma tête protégée dans un gros carton.

Je ne vis que par les songes pas raisonnables.

 

Hier soir, dans le vent frais de ce début d’automne, ces…ces centaures mécaniques, ces âmes en fauteuils électriques  m’ont entrainé.

M’ont entrainé dans une chorégraphie menée au feeling de leurs joystiks.

Dans la bande, des compagnons de moment de vie, des copains hip-hopeux-théâtreux, la musique fragile du concertina d’une petite concertiniste et le tambourin d’un baroudeur du rêve qui comptait les huit temps nécessaires pour être ensemble.

J’ai dansé un drôle de reggae et une valse entêtante.

Seul.

Avec tous.

Avec une centaure mécanique nommée Catherine.

 Avec la petite concertiniste.

Il y a eu sur le Parvis devant le théâtre, dans la rue, des rencontres, des tracts donnés de la main à la main.

 

Moi je suis bien trop grand pour passer sous beaucoup de portes.

Je ne parle pas mais j’adore poser mes mains sur la tête des gens, des enfants qui ont un peu peur, des femmes qui éclatent d’un rire d’enfant troublé.  

Je fais tomber les casquettes, les chapeaux, touche les cheveux des enfants, des dames.

C’est un jeu. C’est pas méchant.

 C’est pour sentir la vie des gens.

Je…Comment ils disent ? Je « t’check » les gars et je remercie la main sur le cœur.

Je me baisse pour voir dans les boutiques de journaux, de coiffures, de pain et de pâtisserie.

 

 

Je respire les corbeilles de fleurs accrochées au réverbère, juste à mon niveau.

C’est drôle pour ceux d’en bas elles sont juste pour les yeux. Moi je peux sentir.
Je suis libre. Je vis. Je suis heureux.

Hier, je suis allé où les gens d’ici ne vont jamais. Au milieu de la fontaine des lions assis du grand rond point de la ville.

Une fontaine de  "pisses en l’air " entourée de lions en bronze encore neuf.

J’ai fait se lever plus haut les jets d’eau comme une si une bande de gamins jouait à celui qui pisse le plus haut. J’ai fait s’élever les pissettes et j’ai bien ri devant les voitures qui tournaient en rond et ne comprenaient rien.


Les sourires de gamins de adultes me chavirent.

Un groupe de gars qui soutenaient les murs d’un immeuble des « petits près », m’a interpelé «  Hé ! Gandhi ! ».  C’est la première fois qu’on me traite de Gandhi.

Un gars qui tient le café de la place lui m’a parlé d’Ho Chi Min.

S’ils savaient…

 

J’étais seul. .

Je dormais seul ici. On m’a réveillé pour rêver debout…

Le temps du rêve, j’ai trouvé une famille…                                          

 

Noé, géant et marcheur du Sable…

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