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Fier de mon tonton !

 

Joessy, avec son accent malgache, a rejoint notre aventure Pris En Contes depuis quelques semaines. Repéré dans le quartier des 7 Mares à Elancourt, en errance « super-market.ienne », il  a été emmené à venir nous rencontrer lors d’une répétition, round d’observation.

 

Joessy, timide et réservé, a lentement été séduit ou intrigué par nos gesticulations toujours baignées dans une ambiance « bon enfant » mais avec du cœur à l’ouvrage pour le travail théâtral et de danse.

 

Frappé par un AVC (Accident Vasculaire Cérébral) il y a trois ans, en pleine force de l’âge, à un tournant de sa vie, la maladie suivie de l’hémiplégie, l’a foudroyé dans le hall de l’aéroport « Departure » juste avant de s’envoler vers la France, son billet sans retour dans la poche. Il avait choisi de s’installer chez nous, son eldorado dont il avait tant rêvé.

 

La nouvelle recrue se déplace en fauteuil roulant électrique mais les fins observateurs remarqueront qu’une canne est coincée auprès de son accoudoir droit. Il peut se mettre debout et marcher quelques pas.

 

Au dernier atelier, Joessy est arrivé accompagné de Brady, son neveu âgé de dix ans.

Brady s’est installé au fond de la salle de répétition, tout au fond, le plus loin possible de

nous, et est resté ainsi sagement assis.

 

Puis la répétition a commencé. Ce jour-là, le travail s’effectuait avec Etienne aux manettes, la lecture des textes, les placements et déplacements sur scène. Joessy comme nous tous était devenu acteur.

 

Au fil des minutes qui s’égrainaient, Brady, sans bruit, imperceptiblement, se soulevait à demi de sa chaise, avançait d’un mètre, puis d’un autre encore. Voulait-il entendre mieux, voir mieux, se persuader de la réalité de ce que ses yeux et ses oreilles percevaient ?

 

Un tonton qui récite, qui rit, qui partage des moments de plaisir avec d’autres personnes, certaines éclopées, d’autres faites comme lui, entières.

 

Mais comme toujours, il faut tourner les pages, retrouver son passage noyé dans le texte de la pièce. Pas toujours facile, souvent ardu. Alors, Brady s’est levé, est venu aux côtés de son oncle, lui a donné un coup de main. Deux êtres humains se sont alors unis pour réussir. Brady s’est découvert un autre tonton, celui qui se tend vers la réussite.

 

Dans ses yeux d’enfant, nous avons vu de la fierté. Une étincelle illuminait ses pupilles. Il était fier de son tonton qui renvoyait une image de confiance en soi recouvrée, de joie, bref de vie qui renaît.

 

Pour ces instants d’humanité, ces parenthèses d’émotion, Pris En Contes existe et doit continuer. Là est notre quête.

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